Projet porté par Alexandre Pinto
Ce projet expérimental mené par A. Pinto, et financé par l’APERA, est un programme exploratoire visant à reproduire des crotales en bois connus au milieu du IIe millénaire av. n.è. sur le site d’Akrotiri (Cyclades, Théra). Le rôle de ces trois petits objets de moins de 10 centimètres, classés dans la catégorie des instruments sonores, nous est actuellement inconnu.

L’enjeu de cette expérimentation visait à estimer leur potentiel sonore. Il s’agissait par ailleurs de déterminer les outils employés pour les sculpter et de comparer les traces de fabrication relevées sur le matériel archéologique. Outre l’objectif premier de cette démarche expérimentale, il s’agissait également de travailler sur la production des outils qui allaient nous permettre de sculpter ces instruments. Pour cela, une collaboration a été menée avec deux autres étudiants de la filière de Protohistoire égéenne de l’Université Paris 1 : Valentin Loescher (Master), spécialisé sur la métallurgie de l’Âge du Bronze ; Valentine Martin (Doctorante), spécialisée sur la métallurgie au Néolithique. L’équipe du projet a ensuite été complétée par la participation de volontaires : Paul Bacoup, Sarah Georgel-Debedde, et d’autres membres de l’APERA.
L’expérimentation a été mise en place en deux parties : une première comprenant la fabrication et préparation des outils métalliques, et une seconde consistant en la production des crotales qu’il reste à programmer.


Nous avons débuté par la construction d’un four capable d’atteindre de hautes températures afin de travailler le métal (le faire fondre, ou ramollir pour le martelage). Pour cela, nous avons choisi de creuser une fosse. Il s’agit d’un modèle de four connu à l’Âge du Bronze en Egée, et qui est capable d’atteindre des températures suffisamment élevées pour permettre le travail du métal. Le four a été alimenté dans un premier temps avec du bois de chêne, du foin et des copeaux de bois. Ensuite, nous avons utilisé du charbon de bois afin d’assurer une montée rapide en température. Celle-ci a été suivie à l’aide d’une sonde thermocouple branchée sur ordinateur, dont les données ont été retransmises en direct sous forme de graphique sur le logiciel PicoLog6.


Pour des raisons techniques liées au temps et aux matériaux à disposition, nous avons décidé de produire des outils en cuivre par martelage. Bien que ce métal soit très souple il reste adéquat lorsque l’on travaille sur du bois tendre comme le sapin. À l’issue de ces deux journées d’expérimentation, nous avons fabriqué un foret, une scie et quatre ciseaux. Afin de pouvoir utiliser ces outils, nous avons travaillé sur un emmanchement en bois à l’aide de Mr. Frédéric Bacoup, ancien menuisier. Ces outils, qui ont été aiguisés à l’aide d’une pierre à aiguiser, serviront à façonner les crotales expérimentaux lors d’une prochaine séance. À l’issue de celle-ci, les traces d’usures présentes aussi bien sur les outils métalliques que sur les instruments en bois seront étudiées afin de mieux comprendre les gestes techniques des artisans de la Protohistoire égéenne.


Pour citer ce billet : Alexandre Pinto, “Fabrication de crotales en bois”, APERA – Carnet Hypothèse, mise en ligne le 21 mars 2021.
[En ligne] : https://apera.hypotheses.org/409
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
APERA (21 mars 2021). Fabrication de crotales en bois (2021). Association Pour l'Expérimentation et la Recherche Archéologique. Consulté le 17 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ba0z